Amis artistes, (chacun doit être le maître, le génie créateur de sa propre existence).
Je vous propose de poursuivre notre exploration de la valeur éducative de l’art.
Mais tout d’abord je vous livre quelques unes de vos réflexions intéressantes à mes considérations sur l’art et l’esthétique : – « De quelle esthétique parle-t-on ?» ; et – « tout le monde n’est pas nécessairement concerné par l’art !».
Le propos de mon essai est précisément de redonner au mot Esthétique sa définition première qui le sort de toute confusion. L’esthétique, du grec Aesthetica, est une aptitude et non pas une philosophie ni une science de l’art et du beau (cette dernière définition impliquant effectivement la notion de norme et de jugement). A partir de cette définition plus spécifique au domaine de la perception, ce n’est plus le philosophe qui parle d’art mais l’artiste qui partage son expérience. Et cela change pas mal de choses.
Quant à l’art en tant que moyen d’expression, de communication, comme langage spécifique à la dimension indicible de notre existence, de notre monde, personne ne doit en être privé. Je suis convaincu qu’une bonne part du malaise de notre société est dû au fait que nombre d’entre nous avons perdu le contact avec notre vie intérieur. L’impossibilité de saisir et d’exprimer le sensible qui nous habite nous rend grossier voir violent. Il n’y a pas que l’enfant qui ait besoin des grands mythes pour apprendre à gérer ses peurs et ses grandes questions existentielles que sont la vie, l’amour et la mort … tout adulte a aussi besoin d’apprendre à gérer ses angoisses avec autre chose qu’une kalachnikov.
Pour vous donner envie de retrouver dans la rubrique « Art et Education » la suite de l’essai « LA VALEUR ÉDUCATIVE DE L’ART », je vous livre ici deux extraits du chapitre « L’OBSERVATION » en parution cette semaine.
«L’artiste génial est doté « d’antennes » plus sensibles et fiables que celui qui se contente de suivre les courants de style ou de mode. Il possède ainsi la faculté de pressentir et de prévenir les évolutions. Le génie sait s’imposer comme le juste témoin d’un monde à venir. » …
… « Si la création n’a semble-t-il pas la vocation de reproduire une réalité que constitue notre monde visible, elle se doit néanmoins de témoigner avec le maximum de fiabilité de l’autre aspect de la réalité. L’art exprime la face cachée des choses que l’homme rationnel ne perçoit pas (ou à laquelle il n’attache pas d’importance). C’est la révélation de la dimension esthétique, autrement dit l’aspect non matérialisé de notre univers dont seul le maître à conscience. L’artiste n’invente pas. Il cherche à exprimer le plus fidèlement possible ce qui, trop souvent, ne consiste qu’en un éclaire d’intuition. La création est le fruit d’une sensibilité rigoureusement éprouvée par des années d’apprentissage, ainsi que d’une aptitude à réaliser, c’est à dire à concrétiser par l’oeuvre, l’intuition initiale d’un univers non matérialisé.»