Xavier Piton est artiste calligraphe, formé par l’Institut Alcuin à l’enseignement des écritures latines. Très vite, son affinité pour la calligraphie contemporaine le conduit vers l’abstraction où gestuelle et rythme se font essentiels. Sa formation latine se voit complétée et enrichie de l’intérêt qu’il porte aux écrits concernant la philosophie orientale dite de « l’Unique Trait de Pinceau ». Sa calligraphie devient alors intimement liée au travail sur le souffle et sur la maîtrise du mental. Plus qu’une simple discipline technique, la calligraphie s’impose pour Xavier Piton comme une véritable forme d’art au sens spirituel du terme.
Issu d’une formation de calligraphie latine classique reçue à l’institut Alcuin à Tours, j’enseigne une vingtaine d’abécédaires allant de la capitale romaine des premiers siècles de notre ère en passant par l’onciale, les gothiques, l’italique ou l’anglaise jusqu’à notre chancelière contemporaine. Il s’agit là de cours et d’ateliers essentiellement adressés aux adultes et aux grands enfants aptes à une concentration assidue.
Parallèlement à cela mon travail consiste à copier des textes dont la profondeur ou le sens sacré demande à être mis en valeur. Le calligraphe a pour mission de conduire le lecteur, au-delà des premiers degrés de compréhension, au sein de la dimension poétique de l’écrit. De la chanson de Ste Foy à frère Christophe de Thibirine en passant par Gandhy, Baudelaire ou Rudyard Kipling, les occasions de partager des pensées dans toute leur profondeur sont nombreuses.
Mais le texte m’inspire toujours une mise en lumière ou en musique. Alors me viennent des idées de création beaucoup plus abstraites qui vont illustrer l’esprit littéraire ; comme une sorte d’enluminure. Je me suis senti très tôt attiré vers la création abstraite contemporaine où le trait, mieux que de représenter une idée, exprime l’élan vital, l’âme de l’objet. Pour le calligraphe, avant même de symboliser une sonorité, la lettre revêt un sens purement esthétique. Le travail de la lettre possède une vertu structurante fondamentale de ma démarche de création. Alors, inspiré par la tradition japonaise du Sumi-e, je trace des poèmes et je finis par « écrire » des paysages de roche, d’eau et de pierre ; mais aussi toute une géographie de mon univers intérieur.
J’aborde l’enluminure comme une forme de peinture abstraire qui revient à mettre en lumière un texte ou encore un événement fort de la vie (mariage, baptême, message d’amour …). Aller au-delà de la forme pour en exprimer l’indicible ! Comme pour la chanson, dans laquelle la musique confère au texte une plus grande profondeur, l’enluminure use de la rythmique, de la couleur et du mouvement pour parler directement aux sens.
La notion de texture tient une grande importance en calligraphie. C’est tout naturellement que l’assemblage a priori désordonné de lettres devient en soi un élément graphique de décoration susceptible d’évoquer l’âme de la matière. De là naquit le désir de tracer sur le vêtement, sur le tissu d’ameublement et pourquoi pas sur le mobilier.
Sur tout cela j’ai déjà écrit (« La Valeur Éducative de l’Art » 1994 essai à rééditer) ; et j’écrirai encore car ce qui me tient le plus à cœur, est que l’art s’impose comme le seul moyen de cultiver l’intuition et l’aptitude à la liberté ; et de cela, personne ne devrait en être privé.
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